Le PLU entre en révision.

Il n’y aura qu’une réunion publique de prévue, l’adjoint d’Annemasse à l’urbanisme préférant promettre moins et tenir plus en terme de réunion, pour éviter toute censure du tribunal administratif, dans l’hypothèse où si une réunion est prévue et qu’elle n’ait pas lieu, tout l’édifice ne puisse être ruiné par cet irrespect des formes. Comme c’est le conseil municipal qui fixe le nombre de réunions, celui d’Annemasse s’en tiendra au minimum syndical.

Minimum c’est le cas de l’écrire. La réunion publique n’est rien d’autre que de l’information. Ce n’est en rien de la concertation. Il n’est d’ailleurs pas besoin de concertation à Annemasse puisque des élus pensent pour vous. Leurs choix sont par définition bons et éclairés, puisque tous les élus de la majorité ne sont les serviteurs que de l’intérêt général. Donc ils sont le peuple. D’ailleurs ils en sont les élus, alors foutez leur la paix, retournez à votre tiercé et à vos courses dans les grandes surfaces, rentrez sous le béton dans votre immeuble disgracieux, les élus Annemassiens vont dessiner l’avenir et vous en faire partager le bonheur par la grâce de l’information. Après ils vous expliqueront, entourés par les aréopages (pas aéropages) des bureaux d’étude socialistes qui parasitent tout le processus de décision, que le meilleur de la crème des décisions est arrêté pour le bonheur du peuple ignare et fainéant qui ne s’est même pas déplacé pour écouter la grande messe des deux ou trois réunions d’information, parce que c’est dit, l’immense générosité de la majorité la fera se fendre de plusieurs réunions, c’est promis.

Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi le registre et la rencontre avec le commissaire enquêteur. Personnage tout acquis et par avance à tous les projets de la municipalité. C’est même consubstantiel de sa fonction. Il enquête avant tout sur l’état d’esprit des rares citoyens qui viennent laisser un témoignage écrit de leur existence. En général leur préoccupation se limite à leur intérêt personnel : la constructibilité de leur terrain, le bruit de la cour de récréation, la sortie de leur garage, etc. La liste est aussi longue qu’un jour sans nougat (dicton de Montélimar). Elle est marquée au fer rouge de l’intérêt particulier, une abomination dans la bouche d’un élu socialiste qui incarne par définition l’intérêt général. L’enquête passera.

Passera aussi l’occasion d’une discussion en profondeur des orientations de l’urbanisme. Certes ces orientations sont précaires et révocables puisqu’un nouveau PLU peut les changer, mais elles font quand même des dégâts. Regardez autour de vous. Annemasse est le résultat des politiques urbaines suivies par la même équipe depuis plus de trente ans. C’est laid, c’est dense, c’est incirculable. En prime Annemasse vient de décrocher le pompon d’un classement en zone d’insécurité…On rougit de fierté. Quel honneur !

Le moment est donc venu de s’intéresser à une question qui en commande beaucoup d’autres : la densité urbaine. Faut-il l’augmenter ? Une des conséquences par exemple en est l’impact sur la circulation. Comme on ne peut pas repousser les murs des immeubles, on ne peut en conséquence pas agrandir les rues, et si on met plus de monde dans la ville, fatalement on augmente les embarras de la circulation. La question de la densité est réellement sérieuse.

C’est là que par exemple les projets politiques peuvent se confronter au vivant. La surdensification, si elle se poursuit selon les vœux de la gauche au pouvoir local, produira un trou noir urbain. La conjugaison de tous les moins qui procèdent de ce seul plus : plus de densité = moins de soleil, moins d’espaces, moins de déplacements, moins de plaisir, moins de sécurité. Les écoles qui sont en déglingue seront en dérive, le tissu social poursuivra sa recomposition avec un nouveau peuplement. Annemasse deviendra une vraie fabrique de pauvres (qu’un hommage soit rendu à MP Berthier qui avait lancé cette formule si juste). Comme les trous noirs du monde physique, la ville implosera en happant son environnement immédiat. Mais comme l’urbanisme n’obéit pas complètement aux lois de la physique, tout ce qui est en dehors d’Annemasse voudra surtout y rester et se dépêchera de dresser un cordon sanitaire invisible pour ne pas plonger à son tour dans la tourmente urbaine.

La densité est un vrai sujet. Il reste à trouver le moyen d’en partager la préoccupation avec le peuple des électeurs. Comme le mot référendum est un gros mot pour la majorité municipale, il faut raisonnablement être pessimiste sur ses chances de débat.