Le vote a été fracassant. L’unanimité moins une voix (la mienne) pour se féliciter du succès de l’initiative de Robert Borrel qui avait fait fleurir le casino, et pour voter le renouvellement de la délégation. 8,25 % des ressources de la commune, qui prélève 15 % des recettes, et reçoit encore quelques autres subsides. C’est une DSP (délégation de service public), si bien qu’en théorie le renouvellement devait être mis en concurrence. Mais ici, comme les trois grands groupes nationaux se partageant le juteux marché des casinos, il n’y avait aucune chance pour qu’il y ait un autre candidat. Le tout énoncé dans la bonne humeur, par le jovial premier édile d’Annemasse. Et comment donc ne pas être content de cette grave entorse aux règles de la concurrence, qui épargne si miraculeusement le monde de la nuit. L’obscurité sied aux concombres, et aux élus de la majorité du conseil municipal d’Annemasse. Une raison de plus d’être contre le jeu, le trafic de drogue, le trafic d’armes, la prostitution, l’esclavage, les socialistes, la sorcière Eva Joly et les épinards. 

Le conseil municipal a eu l’extrême audace de voter, cette fois sans les voix des opposants, pour la «mise à disposition» d’un local destiné à une AMAP (ODAMAP dans le nouveau sigle). Ce qui se cache derrière ce sigle est une association dans le plus pur esprit de la loi de 1901, un méli-mélo de consommateurs de produits bio, et de producteurs. J’ai demandé qu’on chiffre l’avantage procuré ainsi, puisque la mise à disposition gratuite d’un local a bien une valeur, et j’ai demandé qu’on inscrive la somme dans la liste des subventions. Eh bien non. On ne saura pas quelle est la valeur locative du local, et cette subvention déguisée ne sera pas incluse dans la liste des subventions. Le plus amusant est que la majorité municipale écrit « La Ville d’Annemasse, considérant que ces objectifs sont communs à ceux qu’elle-même se fixe dans le cadre de sa politique municipale, souhaite apporter un soutien à l’action de l’association, dans le but de développer une agriculture paysanne de proximité, écologiquement saine, socialement équitable et économiquement viable et dans les conditions définies ci-dessous». C’est amusant parce que l’économiquement viable, l’est à coup de subventions, c’est risible. Louis Mermet a eu bien raison de rappeler que tout ce qui est biologique n’est pas nécessairement sain. Le biologique vient justement d’essuyer ses premiers scandales alimentaires, plusieurs personnes en étant mortes.

Sur un point de l’Ordre du Jour, il n’y a pas eu non plus de vote convergent des opposants. Il s’agissait du recrutement d’une chargée de mission du service communication. C’est une création. Ce qui est sidérant c’est que le rôle principal de cet agent serait, à entendre l’adjointe qui a présenté le bébé, de coordonner les services avec le prestataire de service qui va rénover le site de la mairie. C’est vraiment de la foutaise. Oser dépenser encore des salaires pour coordonner un service administratif dont l’objet est la communication, et dont ce devrait être à l’évidence le travail, avec un prestataire externe, qui va certainement recevoir un montant plus qu’important pour cette rénovation du site de propagande de la mairie, c’est un triste gaspillage. Un de plus. J’ai voté résolument contre cette ânerie défendue si niaisement avec des arguments si infantiles qu’on peut se demander s’ils ne cachent pas une autre réalité : celle par exemple d’étoffer l’équipe des propagandistes politiques du maire. Je regrette d’avoir été si seul. En tout cas, il faut interdire l’absinthe, sinon on va risquer le pire encore dans les prochains conseils. Aujourd’hui c’était un entraînement.

Extrait du manifeste de la gauche éternelle.