Pour Annemasse le présent nous apporte des inquiétudes pour l’avenir.

Annemasse est d’abord une ville où l’activité économique régresse. L’industrie l’a désertée, le commerce n’est pas au mieux de sa forme au centre, et toute l’activité se concentre aujourd’hui en périphérie.

Elle devient en conséquence tous les jours un peu plus une cité essentiellement tournée vers la seule résidence de ses habitants et les services à ces derniers, dont la plus grande part est dévolue aux prestations à caractère social. Pas uniquement une cité-dortoir, destin que nos voisins genevois nous réservent (ils ont besoin de logement dans leur périphérie, et Annemasse est dans cette périphérie). Mais une ville orientée par la seule perspective sociale.

Ne pas s’en préoccuper revient à saboter l’avenir. Et l’on n’observe aucune réaction de fond, aucune réaction politique vigoureuse contre cette désertification économique, alors qu’en revanche la majorité ne se prive jamais de déclamations et de pétitions de pur principe. Dans l’ordre du discours, tout baigne, dans celui de la réalité, rien ne va. L’ambition de faire d’Annemasse la cité de la solidarité est symptomatique de cette fermeture aux réalités économiques. Une cité de la solidarité, si elle devait se réaliser, ne serait que la cité de l’assistanat généralisé.

Annemasse en second lieu se trompe d’urbanisme. La colonne vertébrale de l’action urbaine est simplement la dimension sociale. L’urbanisme, tout l’urbanisme, se réduit pour la majorité à la réalisation du plus de logements sociaux possible. D’où cette politique absurde de la densification.

C’est une erreur. Non pas qu’il ne faille pas construire des logements sociaux, mais c’est une erreur de laisser cette dimension commander toute la politique urbaine, parce que le résultat sera une cité-dortoir, avec un bâti disparate, sans harmonie, sans originalité, sans goût ni grâce. Annemasse sera la cité-dortoir de Genève pour une part, et le pôle social de tout son environnement pour le reste. Les banques seront à Genève, les activités subsistantes seront en périphérie, la population aisée sera en périphérie aussi et au centre il y aura une ville réduite à sa seule dimension sociale. Échec assuré à terme.

Le discours est un piège. Un enfermement. La majorité municipale est prisonnière de son discours, ce qui la prive des possibilités de réaction aux évolutions du temps.