…est à côté du Capitole et tout homme public peut être jeté bas, et précipité du haut de la roche pour s’abîmer au sol où immanquablement il sera piétiné par les hordes mimétiques du peuple transmué en foule. C’est une métaphore qui court depuis l’antiquité romaine, et qui appelle à la sagesse celles et ceux qui veulent quérir les suffrages de leurs contemporains électeurs pour se hisser au pinacle des institutions politiques. Le pouvoir est un moteur puissant qui peut faire oublier cette perspective qu’avaient les sages parmi les Romains. Et l’aspect qui est le plus détestable est cet élan populaire destructeur et hystérique qui se déchaîne comme une force maléfique et irrésistible, chaque fois qu’un puissant trébuche.

J’ignore si le puissant aujourd’hui jeté en pâture menotté, blessé, humilié, est innocent ou coupable. J’ignore tout de son dossier, des pièces, des faits, des preuves, et généralement de tout ce qui permet de juger sereinement. Ce ne sont pas les clameurs et les articles bâclés de journalistes pressés d’occuper la une qui permettent sérieusement de se faire une idée. Dominique Strauss Kahn est déjà piétiné alors qu’il n’a pas été jugé. Il est menotté alors qu’il est présumé innocent. Certes, c’est paraît-il le système judiciaire américain. Mais en vérité ce n’est pas aux USA que son procès se déroule. C’est ici, en France. Il n’appartient pas à mon camp politique, il est même un adversaire. Mais je refuse de me réjouir de son sort.

Il a droit au silence. Il a droit de se défendre. Il a droit de respirer. Il a droit de pouvoir surmonter une telle épreuve. Il doit bénéficier de la présomption d’innocence. M Strauss Kahn, combattez, si vous êtes coupable vous nous soulèverez le cœur, si vous êtes innocent votre combat aura été juste. Tout est encore possible, mais chacun a le droit de se défendre. Pour nous aussi, vos adversaires.