Comment ne pas céder à la tentation de mettre la ville d’Annemasse à la campagne, ou de mettre de la campagne dans la ville ?

M MINCHELLA, cet excellent adjoint du non moins excellent maire d’Annemasse, plutôt que de peindre les façades du futur quartier de Chablais-Gare (Chablais-Parc dans le langage publicitaire), en vert, comme le fait son brillant et aussi excellent collègue adjoint à l’urbanisme, M BOUCHET, préfère la solution révolutionnaire de l’installation de l’agriculture en ville.

Pas exactement des vaches, mais des abeilles, l’apiculture n’est-elle pas aussi une activité agricole ? Le conseil municipal à la quasi-unanimité en septembre 2010 avait voté l’installation de cinq ruches à Annemasse. Je n’ai pas voté cette décision. Je m’en explique.

Bien sûr qu’il est important de garder le contact entre la ville et l’espace. Il faut écrire espace plutôt que campagne, car la ville est en fait insérée dans un tissu « rurbain », plutôt que rural. Autour d’elle, c’est le paysage des villas que l’on rencontre, plus que celui des fermes. C’est cela la réalité. Aussi le lien avec la campagne au sens de lieu de production agricole, devient beaucoup plus ténu, et même purement symbolique.

Ce qui a été voté c’est au fond une résolution u-topique, dont le moteur secret est la nostalgie d’un espace rural idéalisé, dans un environnement de pur béton. Car le béton est le choix de la majorité municipale. Tous les espaces restants de la ville se bétonnent, et ceux qui sont déjà bétonnés sont surdensifiés. Par exemple à Chablais-gare (Chablais-parc en novlangue municipale).

Or, ce qui est nécessaire c’est précisément de l’espace de respiration. Un jardin, idée différente de celle d’un espace rural inséré dans la ville. Le jardin s’insère dans la ville, l’espace rural ne le peut à l’évidence pas.

Les ruches fonctionnent d’abord comme caution de la rhétorique écolo-gaucho-municipale. C’est un leurre.