Le 24 mars au conseil municipal, le maire d’Annemasse
lut un communiqué saluant l’opération de police qui venait de se dérouler au
quartier du Perrier et qui avait permis de mettre la main sur
des traficoteurs à la petite semaine.

Je ne l’ai pas entendu, j’étais en retard. Le communiqué a été lu au début de la séance au cours de laquelle l’opposition quittait la salle, à l’exception d’une conseillère un peu assoupie et absorbée dans la lecture de l’ordre du jour (j’ai rectifié et barré le sudoku).  Je
n’ai rien raté, ce communiqué n’était pas un chef d’œuvre de la pensée
marxiste-léniniste.

«La Ville d’Annemasse était informée que la police préparait une « intervention
lourde » après plusieurs mois d’enquête que nous avons facilité matériellement
».
Bigre, le tout commençant par une faute (enquête que nous avons facilité au
lieu de facilitée, je suis indulgent, j’en commets et même des pires, mais
j’évite de les laisser quand  je me relis). Au fait c’était quoi au juste
l’action de faciliter ? Des dénonciations par la MJC ? Par les animateurs de
rue, de quartier, par les médiateurs de nuit, de jour ? On ne saura jamais,
c’est de l’ordre du secret défense.

Courageusement le maire poursuivait «Je me félicite du succès de ces
interventions parce qu’il ne peut y avoir nulle part ici ou ailleurs sur la
commune d’espace de non-droits
». Zut alors, pourquoi ne pas commencer par
la place de la mairie et l’Avenue de la République ? «Chaque fois qu’un réseau
de trafic de drogue tombe, c’est une bonne chose pour tout le monde parce que
la loi doit être respectée et qu’il y va de la santé publique
». Je suis
presque d’accord, mais je pense qu’en matière de santé publique on pourrait
faire encore mieux en interdisant l’alcool par exemple, et aussi la lecture du
JIM qui dérange les neurones, surtout ceux des bienpensants.

En plusieurs phrases il est alors expliqué qu’il fallait rétablir la police de
proximité, augmenter le nombre des policiers (au fait, question de nombre,
combien sont-ils, quels sont leurs horaires de travail, le nombre de jours de
récupération dès qu’ils sont en horaire de nuit – à quelle heure commence la
nuit policière – quel est au total le nombre des journées de congé payé
additionnées à celles de récupération ?

«Cette collaboration permanente doit se renforcer. Je sais que le
Commissaire Guffon partage cette analyse
». Voilà t’y pas que le commissaire
soi-même en personne se retrouve enrôlé dans les cohortes municipales au
soutien de la gauche plurielle. Il doit en être ravi, il ne faut pas en
douter.

Mais au-delà quelle est la politique de sécurité voulue par le maire et ses
co…s ? (D’accord je raye complices et je mets à la place conseillers, sinon
je me retrouve à Cayenne).

La Police en pleine intervention


– pas de vidéo-surveillance, sauf au compte-goutte, et parce que la pression populaire se fait forte en sa faveur,

– pas de police municipale, vous savez, justement celle qui peut être de
«proximité», au-delà de 17 heures. Pas de police nationale non plus d’ailleurs,
ou si peu.

– pas de dispositif communautaire d’alerte. Ça, c’est quelque chose qui peut
être facilement mis en œuvre, et qui fonctionne grâce aux relations de bon
voisinage : chacun signale tout évènement suspect dans son voisinage.
L’objection est d’une part que cela généralise la délation, c’est vrai, mais
c’est limité au caractère anormal d’une situation dans son voisinage immédiat,
l’autre objection est que ce qui est naturel en Suisse l’est moins en France.
Mais on pourrait le tenter.

La politique de sécurité, ce n’est donc pas simplement de la communication par
communiqué opportuniste interposé. C’est un travail de plus grande ampleur. Et
de ce point de vue, la gauche bienpensante n’est peut-être pas la meilleure
candidate et sans doute pas la plus efficace.