L’opposition a dénoncé à plusieurs reprises, et tout dernièrement encore à l’occasion du débat sur le budget de la ville, le manque d’ambition de l’équipe municipale majoritaire. Ce qui ne fait évidemment pas plaisir à la majorité municipale qui proteste séance tenante qu’au contraire Annemasse déborde d’ambition. Et de citer pêle-mêle les programmes immobiliers, les investissements, quelques réussites sportives. Les investissements sont supposés injecter dans le tissu économique de l’argent, ce qui soutiendrait son activité.

Le maire d’Annemasse a tort, mais il a tort sans doute de bonne foi. Il croit probablement en ce qu’il énonce quand il cite pour exemple les investissements réalisés. Mais ce n’est pas cela le dynamisme, et l’ambition. Injecter des millions dans des travaux, dont les marchés sont attribués en stricte application du code des marchés publics au mieux-disant, ce qui généralement pour les gros marchés désigne une entreprise extérieure, favorise certainement l’économie nationale, mais en aucune façon ne permet de vivifier le tissu économique local, sauf par de maigres retombées. Ce n’est pas de cela dont il s’agit. Il s’agit du local. Il s’agit de la ville. Il s’agit de son dynamisme.

Annemasse est endormie sur le plan économique. Les commerces migrent vers sa périphérie, le centre-ville devient de moins en moins attractif. Peut-on dire qu’il se paupérise ? C’est sans doute exagéré, mais on ne peut chasser cette crainte. Annemasse manque de dynamisme. Bien sûr qu’il y a des phénomènes massifs contemporains en jeu, par exemple cette migration vers les périphéries s’observe dans la plupart des villes. Mais on peut lutter. Il est parfaitement possible d’être plus actif et réactif. Par exemple et pour revenir sur ce point, l’inaction pendant plus d’une décennie sur la question des réseaux à haute vitesse, pénalise au bout du compte l’activité économique.

Par exemple aussi l’absence d’investissement dans l’embellissement de la ville pénalise aussi l’activité. Certes on peut parfaitement entendre le maire quand il déclare qu’il appartient au commerçants de payer pour cela, au nom du principe d’égalité devant les charges publiques, et il a raison dans la cohérence de son discours avec les principes, mais il a tort sur le strict plan pragmatique. Il vaut mieux payer les décorations de Noël, autre exemple, les faire les plus belles possible, plutôt que de laisser en place une luminescence sinistre, minimum syndical de débâcle. D’une part tout le monde en profite, d’autre part en augmentant le plaisir à circuler on sert l’activité commerciale, et donc on sert encore l’intérêt général, car il est clair qu’il vaut mieux avoir des commerces prospères plutôt que des commerces en déclin. L’activité c’est l’emploi, même si les taxes sont versées à l’agglomération, l’emploi est local.

Le maire d’Annemasse et toute son équipe se trompent donc. Le soutien à l’économie locale n’est pas suffisamment assuré par le seul investissement en gymnase, piscine, et autres équipements. L’ambition c’est de vouloir développer l’activité pour le futur. Pas uniquement de gérer le social, et même si cette dimension est absolument nécessaire.

Annemasse manque de dynamisme parce que l’équipe municipale majoritaire ne s’intéresse pas à ces questions. Elle a d’autres priorités, c’est son choix. Elle préfère rester «ensemble» dans le monde douillet du ronronnement de son discours politique.